Victoire de Macron: La France refuse encore de se ‘’trumper’’
Avec 58,8 % de votants au second, Macron a été bien réélu en France même s’il reste, aux yeux de beaucoup, un Président par défaut. Car face à la candidate de l’extrême droite, il fallait sauver la face en évitant ce que Mélenchon a appelé le risque de division de la société française. Car, avec le Front national au pouvoir, des manifestations étaient programmées sur une bonne partie du territoire national.
Et ce serait gage d’une longue période d’instabilité dans un pays où le Président sortant lui-même avait subi la vague de protestations de ‘’gilets jaunes’’.
Mais, avec 42 % de score, Marine Le Pen n’a pas démérité. Cela montre en effet que des millions d’électeurs épousent, encore, les idéaux défendus par le Front national. Et que l’extrême droite, au fil des années et à la faveur de chaque élection, gagne du terrain. Et si l’on suit cette logique, dans les prochaines décennies, elle devrait, normalement, pouvoir arriver au pouvoir. Mais pour le moment, la France qui résiste, ne veut pas se tromper ou se ‘’trumper’’, avec l’arrivée au pouvoir d’un Président nationaliste, aux idées extravagantes. Car, le risque serait de marginaliser davantage la France et donc d’accélérer le processus de perte d’influence dont elle est victime depuis quelques décennies.
Toutefois, l’arrivée du Front national aurait peut-être signé la fin de la françafrique et aurait peut-être permis à nos Chefs d’Etat d’assumer beaucoup plus d’autonomie envers l’ancienne puissance colonisatrice. Mais, ce serait, également, par ricochet, un coup dur contre les immigrés dont les sénégalais qui sont une source importante de devises pour leur pays.
Une ‘’trumpisation’’ de la France aurait ainsi des inconvénients et des avantages dont il est difficile de faire la balance pour en tirer une conclusion claire pour l’Afrique. Mais, ce serait en tout cas, le triomphe de la volonté de puissance de la France, de son égoïsme et de la volonté d’écraser davantage les autres pour promouvoir ses propres intérêts. Car, c’est cela le nationalisme tel qu’il a été incarné par Trump dont le slogan ‘’American first’’ a conduit aux conséquences que l’on sait notamment sur la politique étrangère des Etats-Unis.
C‘est dire que, pour le moment, la France résiste. Elle veut rester ‘’mondialiste’’, c’est-à-dire défenderesse de ses propres intérêts mais également ouverte sur le reste du monde, l’Otan, l’Europe, etc. Malheureusement, avec les législatives de juin, il n’est pas exclu que l’extrême droite et toutes les forces rétrogrades et conservatrices prennent leur revanche. Car, une cohabitation est possible surtout si Macron et ses équipes continuent à penser qu’ils peuvent gouverner la France comme avant. Car, s’il y a une chose qu’il faut qu’ils comprennent, c’est que les français rêvent de grandeur, de luxe, d’opulence pour rester fiers. Une fierté que beaucoup perçoivent comme une arrogance…
Or, depuis quelques années, les informations qui sont véhiculées sur le label français, la diplomatie de leur pays, les opérations de l’Armée, etc. n’agréent pas beaucoup de français parce qu’en porte à faux avec les idées de grandeur qui ont toujours prévalues au niveau notamment de certaines classes aisées et intellectuelles. Le prochain président français devra comprendre que la France ne saurait être ‘’tiers-mondisée’’ aux yeux de nombreux de ses compatriotes. Or, c’est cela qui guette leur pays.
Le défi de Macron est alors de savoir comment garder la France grande tout en la maintenant dans un humanisme qui respecte certaines valeurs cardinales de solidarité, d’entre-aide, de respect de l’autre, etc. ? Car, pour les français qui votent le Front national, autant, pour leur pays, rester inhumain et arrogant que de perdre sa grandeur et son influence dans le monde.
Assane Samb