Traitement de l’affaire Astou Sokhna : les blouses blanches engagent le bras de fer

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24 heures sans blouses ! C’est le mot d’ordre des travailleurs de la santé et de l’action sociale qui seront ce mercredi en grève générale. Ils ont tenu un point de presse hier, pour dénoncer le traitement de l’affaire Astou Sokhna, précisément la sortie du ministre de la Santé, le limogeage du directeur de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye et l’emprisonnement des agents de santé.

Le Collectif des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Ctsas) s’aligne sur la logique des agents de santé pour dénoncer le traitement de l’affaire Astou Sokhna. « Nous estimons qu’il est injuste de vouer aux gémonies toute une catégorie socio-professionnelle. Le personnel de la santé et de l’action sociale s’attendait à un minimum de sérénité et de discernement de la part de nos autorités étatiques et des professionnels de la communication. Hélas ! nous avons constaté face à la clameur populaire, une volonté des autorités étatiques de trouver rapidement un ou des coupables à sacrifier en lieu et place de la présomption d’innocence », a d’emblée décrié le collectif qui faisait face à la presse hier.

Le porte-parole du jour estime que la sortie du ministère de la santé, à travers un « réquisitoire au vitriol digne d’un procureur est très inquiétante ». Cette démarche des autorités de la République, selon Amadou Yéri Camara, « expose » le personnel de la santé à la « vindicte populaire dans un pays où la violence devient de plus en plus banalisée ». Il estime qu’au lieu de mener des enquêtes impartiales, et prendre des mesures conservatoires, les autorités « se précipitent à designer le personnel de santé coupable de négligence pour des calculs bassement politiciens ». C’est, souligne-t-il, une manière « d’attiser le feu et d’apeurer » le personnel de santé qui pourrait devenir « fragile, désarmé devant les insultes gratuites des populations », a déploré Amadou Yéri Camara.

« L’audit des décès maternels n’est pas fait pour désigner les coupables » !
Concernant le rapport d’audit du décès lu en grande pompe devant les médias, « il a fini par décrédibiliser une activité de management qui a permis de prendre plusieurs mesures salvatrices pour sauver des femmes enceintes en rapport avec la disponibilité du sang, la nécessité de formation en soins obstétricaux et néonataux d’urgence et la rapidité du transport par les ambulances médicalisées », a décrié le syndicaliste. Amadou Yéri Camara d’ajouter : « Non Monsieur le ministre, l’audit des décès maternels n’est pas fait pour désigner les coupables ! Ce rôle est celui de l’enquête après un genre de mort dûment établi après une autopsie ». Pour lui, le bien-être des agents de santé dont certains sont contractuels depuis plusieurs années semble être « très loin » des préoccupations de l’Etat du Sénégal qui ne parvient plus à garder ses praticiens « malgré sa déclaration d’intention pour le développement du capital humain du Pse ».

24 heures sans blouses
Face à cette situation, le collectif décrète ce jeudi 21 avril 2022 une grève générale de 24 heures sur l’ensemble du
territoire avec respect des urgences et du service minimum. Une « journée sans blouses » avec un avertissement : « La durée de la lutte dépendra du sérieux dans le traitement de cette affaire et celui de nos plateformes revendicatives par l’Etat du Sénégal. Nous nous battrons pour nos droits, notre dignité et le respect de notre noble métier ». Selon le Ctsas, le parquet vient de commettre une dernière « forfaiture » en plaçant sous mandat de dépôt 4 des 6 sages-femmes poursuivies. Les deux autres ont été libérées pour leur état de grosse avancée. « Il sera tenu pour responsable de la santé de ces dernière et leurs enfants », a-t-il avisé. Elles seront jugées le 27 avril prochain.

Suzanne SY

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