Tout semblait scellé depuis avril 2019. Le troisième mandat et la probable succession familiale
« Chronique d’une stratégie inachevée». Tel est l’intitulé du dernier commentaire de Mary Teuw Niane sur l’actualité politique, rendu public, ce mardi soir. L’ancien ministre de l’Enseignement supérieur et démissionnaire de la Présidence du Conseil d’administration (Pca) de Petrosen à la veille des dernières Législatives a mis à nu un « deal » entre le président Sall et son beau-frère, Mansour Faye pour une passation du pouvoir à la « Senghor-Diouf ».
« Tout semblait scellé depuis avril 2019. Le troisième mandat et la probable succession familiale. La voie était balisée, les obstacles réels et imaginaires dégagés », a-t-il notamment juré. Se voulant beaucoup plus explicite, le mathématicien de rappeler que « le poste de Premier ministre supprimé, les têtes qui émergeaient, en deux vagues, balayées. Un leurre éblouissant brandit soutenu par des thuriféraires intarissables : le fast track ».
Mary Teuw Niane soutient, dans son texte, qu’«à Saint Louis, dans un site web, un pseudo journaliste théorisait déjà une succession à la Poutine-Medvedev pour le maire de la ville tricentenaire. Malheureusement le Covid finit par montrer au grand jour les insuffisances et les tares du potentiel candidat du Nord. Le Gouvernement, l’administration, les institutions et toutes les structures de l’État furent politisées ». Ceux-ci poursuit-t-il, « insérèrent des incompétents notoires aux seuls fins d’obtenir un assentiment généralisé et unanime sur le probable projet d’un troisième mandat prolongé par une succession familiale à travers l’équivalent du fameux article 35 du Président Léopold Sédar Senghor qui permit à Monsieur Abdou Diouf de lui succéder ».
« Tout s’est écroulé »
Le responsable politique, qui a rappelé les propos du ministre d’État, Mahmout Saleh, estimant que « les élections législatives étaient le premier tour de la présidentielle de 2024 », a indiqué que « Karim Wade et Khalifa Sall étaient déjà éliminés de la course à la présidentielle de 2024 ». Mieux, écrit l’ancien recteur de l’Ugb, « au sein de l’Apr, Aminata Touré, Amadou Ba, Aly Ngouille Ndiaye, Mouhamadou Makhtar Cissé et d’autres étaient de fait mis sur le banc de la route pour une possible succession » et « le processus de liquidation du Président Ousmane Sonko était avancé malgré l’opposition vaillante de la population sénégalaise notamment de la jeunesse ».
Et à en croire toujours le Professeur Niane, « les élections législatives par l’élection du maire de Saint-Louis et une large victoire de la majorité devaient parachever le puzzle et diriger le pays vers une réélection facile du locataire de l’Avenue Léopold Sédar Senghor ».
Toutefois, constate-t-il, « tout s’est écroulé ». Car, explique-t-il : « Le maire de Saint-Louis battu, son possible rêve de succession évanoui. La majorité battue! La réélection en février 2024 est devenue une illusion improbable. Une loi d’amnistie qui rétablit les opposants dans leurs droits civiques relève désormais du possible ».
A ce titre, Mary Teuw Niane soutient que « le président de la République, de lion chasseur, est brutalement devenu l’otage des différents leaders de son parti qu’il avait exclus de fait de sa succession ».
Et pour finir, le prédécesseur de Cheikh Oumar Hann au ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’innovation est convaincu que c’est « dix-huit mois qui annoncent la fin d’un rêve insensé, la fin des rêves », indiquant que « le renoncement à la troisième candidature (…) contribuera à produire une nouvelle étape dans la démocratie sénégalaise : un Président sortant qui organise l’élection de son successeur à laquelle il ne participe pas ».