Opium

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La magie du football. Au siècle dernier, on considérait ce sport comme l’opium du peuple. Après Marx, bien sûr, qui soutenait, lui, que c’est la religion qui est l’opium du peuple, c’est-à-dire cette substance qui vous met dans un état euphorique avec sa vertu dormitive.

La magie opère toujours sur les gens et fait rêver des décideurs qui y trouvent leur soupape de sécurité. S’y accrochant désespérément. Ça a été plus vrai hier avec le bain de foule du Chef aux portes de son palais si « bunkerisé » les jours ordinaires et où avait afflué une foule de supporters survoltés criant que c’est lui le Chef qui leur porte bonheur et entretenant le rêve de voir leurs « Lions » soulever le trophée mondial. La coupe du continent nous avait rendus groggys avant que l’on ne replonge dans notre réel si difficile et si morose.

Malgré cette Coupe d’Afrique, le Chef avait perdu sa majorité absolue aux Législatives. Euphorique, il l’est toujours assurément, lui qui rêve d’un troisième mandat Astafourlah, d’un deuxième quinquennat ! qui pourrait passer par les pieds des « Lions » au Qatar. Ah, le couple politique-football. Une belle histoire d’amour faite de larmes et d’étreintes douloureuses. Le numéro 27 pourra bien dire qu’il a misé sur ses « Lions » avec un budget colossal qui aurait fait le bonheur de quelques apprenants au fin fond du pays. Bon, il ne faut surtout pas gâcher le rêve.

Entretenons-le davantage. Dimanche pourrait être un bon jour et d’autres encore jusqu’au Graal. Et gare si ça trébuche. Personne ne viendra dire que le Chef ne fait pas notre bonheur. Les esprits étant souvent si chagrins. De l’euphorie d’hier, moi, Kaccoor, je n’ai retenu que de belles visions de femmes ! Elles ont fait ma journée. On ne supporte pas en pagne, mais en teeshirt pour affoler les regards.

Vous voulez une photo ? Vivons alors gaiement foot, cet opium du peuple qui nous endort, éloignant de nos pensées la dure réalité d’un pays où des agents de nos forces de défense et de sécurité disparaissent sans que cela n’ébranle l’Etat ni qu’il rende hommage à un fils valeureux mort dans des circonstances troubles. Pas intrigant ? Dans un pays aussi où notre confrère Pape Alé Niang croupit en prison depuis trois semaines pour avoir fait son métier de journaliste d’investigation…
KACCOOR BI – LE TEMOIN

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