Mis en place du réseau des élus locaux du Sénégal : La ‘’mackyphobie’’ frise l’obsession
Le Réseau des Elus Locaux du Sénégal (Reels) a été porté sur les fonts baptismaux par la coalition de l’opposition Yewwi Askan wi. Une réplique à celle qui regroupait jusqu’ici les Maires du Sénégal (Ams) que dirige Aliou Sall.
Une association de plus dont la mise en place, à plusieurs égards, nous semble être un prolongement des batailles politiques partisanes entre pouvoir et opposition. Précisons tout de suite que la Constitution du Sénégal consacre la liberté d’association et qu’à ce titre, tous les Sénégalais, élus ou pas, sont libres d’en créer dans le respect de l’ordre public et des conditions légales en la matière.
Néanmoins, il y a déjà une association des Maires. Et il était important que tous les élus qui partagent les mêmes préoccupations puissent être dans une même structure pour en discuter et arrêter des prises de position en vue de faire face, ensemble, à leurs problèmes. Malheureusement, cette nouvelle association, qui est parrainée par l’opposition dont un des leaders en a fait l’annonce, va consacrer, officiellement, l’appartenance d’associations ou de réseaux à tel ou tel autre camp politique. Un piège qu’il fallait impérativement éviter. Pour des raisons simples.
La première est que si tous les Maires appartenaient, comme naguère à la même structure, ceux de l’opposition auraient la latitude de peser de leur poids même s’ils sont minoritaires afin d’influencer les orientations et les prises en décision. L’autre avantage, c’est que l’Etat aura le sentiment, à chaque fois, de parler aux Maires sans forcément de distinction politique, ce qui allait davantage crédibiliser les doléances et autres réclamations de cette entité. Enfin, en tant que Maires de l’opposition, les adhérents de Reels auront du mal à demander le soutien et l’appui des pouvoirs publics même si l’association est formellement reconnue.
En clair, il aurait été souhaitable, pour ses membres de l’opposition, de commencer par adhérer à l’entité unique, qui regroupait, jusqu’ici, tous les Maires. Et si, chemin faisant, ils noteraient certaines discriminations, ils pourraient alors s’en démarquer après bien sûr avertissements et mises en garde. Et c’est seulement à partir de ce moment-là, qu’ils seront fondés, légitimement, à se démarquer. Car, jusqu’ici, publiquement, nous n’en avons pas beaucoup d’échos de problèmes de fonctionnement interne au niveau de l’Ams.
En conséquence, nous soupçonnons, un désir, de la part de cette partie de l’opposition, de toujours s’inscrire dans une opposition radicale envers le régime de Macky et de travailler à s’en démarquer. On imagine bien alors que tout le rêve de Yewwi est de créer un futur groupe parlementaire à l’Assemblée, pour là aussi, se démarquer. On comprend ainsi que le souhait de la coalition est de tout faire pour créer les conditions non pas de dialogue, mais de rupture optimale avec le régime en place.
Et la personnalité des deux leaders principaux, à la base de Yewwi y est pour quelque chose dans cette démarche. Khalifa Sall de Taxawu Sénégal et Ousmane Sonko de Pastef ont chacun, en ce qui le concerne, un contentieux personnel avec Macky. Le premier a été emprisonné du fait de sa gestion de la caisse d’avance de la ville de Dakar et depuis est inéligible et le second a été défenestré de son poste d’inspecteur des impôts et doit faire face au juge dans le cadre d’un dossier de mœurs dans lequel il voit la main de la majorité.
En conséquence, en dehors de l’aspect politique, partisan, chacun d’eux a un contentieux personnel, avec le locataire du Palais de l’Avenue Roum, le Grand Manitou. D’où leur mode d’opposition à Macky qui ne souffre d’aucune ambiguïté et qui ne s’embarrasse d’aucune forme de compromis ou de compromission. C’est pourquoi, même Maires, ils souhaitent ne pas être soupçonnés de compter sur le pouvoir central pour réussir leurs missions. Une sorte de ‘’mackyphobie’’ qui frise l’obsession.
Assane Samb