Législatives: Une inconnue, la versatilité du peuple
La campagne électorale pour les législatives va démarrer ce dimanche, jour de tabaski. Autant parler de faux départ pour tous car, ce jour, peu de gens auront la tête à des élections. Car, la Tabaski ou l’Aïd El Kabir est un évènement spécial pour les sénégalais. La preuve, la diaspora choisit souvent cette opportunité pour venir partager avec les siens ces moments forts de communion que rien ne peut gâcher.
Mais, petit à petit, il faudra bien écouter les coalitions, même si par ailleurs, les législatives n’attirent pas beaucoup les sénégalais qui n’ont pas forcément une bonne idée de leur Assemblée nationale qui ne renvoie pas toujours la meilleure image qui soit. L’utilité de l’institution étant sujette à caution. Qu’à cela ne tienne, les sénégalais iront aux urnes ce 31 juillet pour élire des députés afin de former la 13 è législature qui devra amorcer le processus de modernisation de l’institution selon son Président sortant Moustapha Niass qui va à la retraite politique. On peut se demander alors si l’opposition peut justement réussir son rêve d’imposer la cohabitation au régime en place avec un possible renversement de majorité ?
Une question à laquelle la réponse ne sera pas facile du fait justement GRd’une inconnue au Sénégal : la versatilité du peuple. Ici, on ne sait jamais, à l’avance, pour qui, les gens vont voter, majoritairement. Et qu’importent les promesses. Quelqu’un peut vous donner toutes les assurances du monde de voter pour vous, le jour J, il peut faire autre chose. Une donne qui énerve beaucoup de leaders politiques qui ont du mal à comprendre cette versatilité. La preuve, la stratégie des casseroles et des klaxons de la coalition Yewwi Askan Wi. Initiée une première fois, ça été un succès retentissant. Mais reprise, elle a été pratiquement un échec. C’est cela le peuple sénégalais : D’une versatilité qui laisse pantois plus d’un.
C’est pourquoi, les états-majors politiques doivent redoubler d’efforts, de patience et surtout d’humilité. Les batailles politiques sont en effet des courses de fond avec, en toile de fond, beaucoup de paramètres qui entrent en jeu avec notamment le capital confiance que les uns et les autres peuvent avoir envers un leader. C’est pour cette raison que parfois, aussi bien les défaites que les victoires sont étonnantes parce que non-prévues et presqu’insolites. Cela s’est vérifié durant les locales où aussi bien les défaites par exemple d’Abdoulaye Diouf Sarr à Yoff, de Omar Guèye à Sangalkam, de Aliou Sall à Guédiawaye pour ne citer que ces exemples que les victoires de leurs adversaires respectifs, ont surpris plus d’un.
C’est dans tous les cas le charme d’une élection. Le fait de connaître à l’avance le visage du vainqueur poserait un problème sérieux de vitalité démocratique, de crédibilité des institutions. Il s’y ajoute que chez nous, les gens sont à l’image des politiques : Imprévisibles et parfois impotents dans la capacité à choisir le ‘’bon’’ profil. Certains sont sensibles à l’achat de conscience, d’autres à des considérations purement subjectives comme le lien de parenté, de voisinage, d’amitié, l’appartenance à la même religion, à la même confrérie, à la même ethnie ou région, etc.
Toutes ses considérations comptent mais ne sont pas forcément déterminantes pour la grande majorité. Sauf que pour les législatives, on n’identifie pas forcément les leaders car il y a des listes parfois anonymes, ce qui rend la tâche des électeurs encore plus compliquée. Ni Macky ni Sonko ni Khalifa Sall encore moins Malick Gakou ne seront par exemple sur les listes, pour multiples raisons.
C’est pourquoi la campagne électorale peut ne pas être très animée. Les débats et meetings pourraient être d’un faible attrait. Il s’y ajoute le risque grave d’un taux d’abstention très fort. Les législatives ne mobilisant pas beaucoup les sénégalais.
En tout état de cause, il faut se dire qu’il est toujours utile de voter car toutes les institutions de la Républiques sont importantes et cette législature va survivre pendant longtemps (sauf dissolution) à un possible changement de régime en 2024. D’où toute son importance.
Assane Samb