La série Adji Sarr cède la place à un film parodique sur le terrorisme
C’est en 2014, après le retour triomphal de Abdoulaye Wade au Sénégal, et la débâcle de la coalition BBY aux élections locales que Mr Macky Sall avait compris que les sénégalais n’ont pas l’intention de lui offrir un second mandat.
Dès cet instant Mr Macky Sall s’est donc résolu à ne plus prendre le moindre risque pour les joutes électorales suivantes, à ne plus laisser participer des adversaires menaçants, à ne plus organiser un scrutin transparent et équitable.
Tout le monde a vu par quelle parodie de justice Mr Macky Sall a fait condamner Mr Karim Wade pour ensuite le forcer à l’exil. Il en a fait de même pour faire juger et condamner le Maire de Dakar Mr Khalifa Sall.
Dans cette entreprise de liquidation de Karim Wade et Khalifa Sall, il a malgré lui ouvert la voie à l’adversaire qui s’avèrera être le plus redoutable qui soit, en l’occurrence Mr Ousmane Sonko.
L’ascension fulgurante et permanente de Mr Ousmane Sonko, favorisée par l’acharnement de Mr Macky Sall à son encontre, devrait logiquement faire de lui en 2024 le prochain Président de la République. Personne autour du Président Macky Sall ne fait un tant soit peu le poids face à Mr Ousmane Sonko qui d’un seul mot d’ordre peut faire sortir des millions de casseroles dans la rue.
L’éventualité d’un Ousmane Sonko aux commandes des institutions est vécue comme un cauchemar par Mr Macky Sall, par la première dame, par leurs familles respectives, par les membres de BBY, par les fonctionnaires et magistrats qui se sont couchés, par une certaine société civile corrompue, par des patrons de presse chasseurs de primes. En effet bon nombre d’entre eux se voient déjà au chômage ou en prison à partir de 2024
C’est donc la panique qui explique les intentions de Mr Macky Sall de forcer une 3ème candidature qu’il sait illégale et inéluctablement sanglante. Elle l’est déjà d’ailleurs puisque 17 sénégalais ont déjà été tués à 18 mois des élections.
Rien ne sera de trop pour forcer une 3ème candidature. Mais pour gagner, il faudra forcément empêcher à Mr Ousmane Sonko de concourir, sinon il laminerait n’importe quel candidat, y compris Mr Macky Sall lui-même.
Comment alors empêcher à Mr Ousmane Sonko de concourir en 2024 ? Tout indique que deux options sont envisagées :
Option 1 : L’éliminer physiquement
Option 2 : L’éliminer par la voie judiciaire
OPTION 1
Les appels publics à assassiner Mr Ousmane Sonko entendus récemment ne sont ni fortuits, ni l’initiative isolée d’un ahuri. Il s’agit visiblement d’une option sérieusement considérée, probablement éventée par un gaffeur. D’ailleurs le camp du pouvoir ne s’en est pas démarqué, et aucune autorité judiciaire n’ose s’auto-saisir, ni de donner suite aux plaintes introduites.
OPTION 2
Pour l’éliminer par voie judiciaire, il faut lui coller quelque chose.
Le complot Adji Sarr étant compris par les sénégalais, et en train de se retourner contre le pouvoir lui-même, il faut alors trouver autre chose.
Pour cela, tout porte à croire que Mr Macky Sall n’est pas allé chercher loin et a choisi l’option habituelle des dictateurs impopulaires, à savoir accuser ses adversaires de terrorisme. Il faut donc monter un film à faire avaler à l’opinion, avec les producteurs et acteurs suivants :
** Un ministre de l’intérieur et son amie avocate pour la mise en forme du scénario
** Un général chargé de trouver des personnes qui peuvent ressembler à des terroristes
** Un procureur chargé de lire des chefs d’accusation déjà préparés contre les futurs prévenus
** Des groupes de presse corrompus chargés de faire avaler le film au grand public
** De potentiels terroristes, qui seront soit des acteurs consentants, soit de parfaits innocents à torturer pour avouer tout et n’importe quoi
** De potentielles victimes des terroristes, tels que la Senelec, la DGE, des ministres, un griot de président, et même la fameuse écervelée Adji Sarr. La Senelec devra même faire semblant de se constituer partie civile afin de faire plus vrai
** De potentiels témoins, qui sont chargés d’avoir entendu le nom de Ousmane Sonko, et d’avoir vu les couleurs de Pastef
Vu que c’est un film parodique sur le terrorisme, il faut bien sûr des armes de destruction massive, pas comme celles que Colin Powell dit avoir trouvés en Irak, mais des moins sophistiquées, du genre « cocktails Molotov – bouteilles de produits chimiques – fusées fumigènes – masques à gaz – armes blanches – etc… ».
Sur certains de ces objets, il faudra trouver un logo de Pastef. Sur les téléphones saisis, il faudra trouver des messages qui parlent de Pastef et des victimes potentielles.
Il faudra coller aux potentiels terroriste des noms qui en disent long comme dans les films d’action : « Forces Spéciales » – « Black Panther » – « L’escadron de la mort » – « Ca va péter » – …
Il ne faudra pas qu’on soulève dès le départ le nom de Mr Ousmane Sonko sur ces objets ou dans les téléphones, sinon les spectateurs pourraient trouver cela trop facile et trop louches. Il faudrait d’abord trouver un commanditaire indirect, quelqu’un qui se réclame de Mr Ousmane Sonko. Ce quelqu’un peut être Akhénaton par exemple, il est loin du pays, et il ne pourra pas apporter la preuve de ce qui n’existe pas. Ce sera aussi l’occasion de lui régler son compte à ce Akhénaton en lui collant une accusation mensongère de terroriste comme cela a été fait avec Assane Diouf et Ousmane Tounkara
Dans tous les cas, tous les indices déjà semés, tous les liens déjà connus, tous les mobiles devront pour finir mener à Mr Ousmane Sonko. Les rapports sont déjà aux mains des pseudo enquêteurs
Une fois l’enquête supposée bouclée, toutes les preuves seront présentées à l’opinion publique à travers les médias déjà corrompus. Elles seront également présentées aux chefs religieux et à l’opinion internationale. Ainsi il ne restera plus qu’à lancer l’assaut au domicile de Mr Ousmane Sonko, avec une brigade anti-terroriste de 500 hommes, des chars de combats, des hélicos comme si l’on venait de localiser Oussama Ben Laden. En espérant qu’il résiste, il est prévu de le liquider sur place. Le ridicule ne tuant pas, ils sont capables de prévoir de lui attacher une ceinture d’explosifs à la taille pour montrer qu’il y’avait un réel danger et qu’il allait faire exploser tout le quartier.
Le scénario est loufoque, aussi mal inspiré que le complot Adji Sarr. Mais nous avons affaire à un Steven Spielberg du Dimanche qui panique et n’a plus trop de temps pour imaginer un scénario plus crédible.
Boubacar SALL E-mail : boubacarsall369@hotmail.com