Benno, dans le dur !

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Camouflet aux locales de janvier, bérézina aux législatives de juillet, Le verdict partiel des urnes, issu des élections législatives du dimanche 31 juillet, est-il parti pour préfigurer le début de la fin pour la coalition majoritaire Benno Bokk Yaakar ?

Le verdict partiel des urnes, issu des élections législatives du dimanche 31 juillet, est-il parti pour préfigurer le début de la fin pour la coalition majoritaire Benno Bokk Yaakar ? En tout cas, si les résultats provisoires se confirmaient en faveur de l’inter-coalition Yewwi-Wallu, ils conforteraient la traversée du désert pour la coalition présidentielle qui aura connu, en l’espace de six mois, deux revers assez expressifs du ras-le-bol général des électeurs, en perdant les grandes villes du pays en janvier et les départements qualifiés de grenier électoral à l’issue du scrutin de dimanche. A l’instar de Dakar, Pikine, Keur Massar, Guédiawaye, Rufisque, Thiès, Mbacké, Tivaouane, Kébémer, Ziguinchor, Saint-Louis, entre autres.

Mise en place en 2012 dans le cadre du deuxième tour de l’élection présidentielle opposant Macky Sall, leader de l’Alliance pour la République (APR), à Abdoulaye Wade du Parti démocratique sénégalais (PDS), par ailleurs président de la République en exercice, la coalition Benno Bokk Yakaar a enchaîné bien des succès, en dix années de majorité politique. Seulement, depuis les élections municipales et départementales du 23 janvier 2022, l’alliance fondée par Moustapha Niasse (Benno Siggil Senegaal), feu Ousmane Tanor Dieng (Parti Socialiste) et Idrissa Seck (Rewmi) pour ne citer que ceux-là, est empêtrée dans un tour de vis. Elle voit ses espoirs s’effriter comme peau de chagrin.

Après avoir porté Macky Sall à la tête du pays en 2012, Benno Bokk Yakaar a raflé, le 1er juillet de la même année, la majorité des députés, en décrochant 119 sièges parmi les 150 que comptait l’Assemblée nationale dans sa douzième législature. Ensuite, la coalition a continué à faire son bonhomme de chemin victorieux. Aussi a-t-elle confirmé sa place de leader dans la sphère politique nationale lors des Législatives du 30 juillet 2017. Là aussi, la mouvance présidentielle a emporté 125 sièges parmi les 165 devant composé l’hémicycle et sa législature, treizième du genre. Après avoir composté son leadership aux élections territoriales de 2016 et Locales de 2014, même si certains bastions restaient fidèles au camp d’en face.

A l’instar de Dakar ! La coalition présidentielle, avide de succès, ne s’est pas arrêtée là, elle a continué à glaner les victoires électorales. Benno Bokk Yakaar a encore le vent en poupe lors des élections présidentielles du 24 février 2019 que Macky Sall remportait avec 58,26% des suffrages exprimés. Cela, au grand dam d’Idrissa Seck (coalition Idy-2019) et Ousmane Sonko (coalition Sonko Président), qui arrivaient respectivement deuxième et troisième dans la course. Il a fallu attendre les élections municipales et départementales du 23 janvier 2022 pour assister à la dégringolade de la troupe de Macky Sall. Il faut dire que le score électoral de Benno Bokk Yakaar qui s’effritait au fur et à mesure des coups de boutoir de l’opposition, vendait de plus en plus l’idée du rééquilibrage des forces. La remontada de l’opposition était incarnée principalement par le leader de Pastef-Les Patriotes, Ousmane Sonko. Des bastions essentiels dans la carte électorale, comme la région de Dakar, Thiès, Diourbel, Kaolack ou encore Ziguinchor, tombaient progressivement dans l’escarcelle du camp anti-Macky, à l’issue de ces échéances électorales.

 INTER-COALITION DU «DIABLE»

Le plus grand camouflet était toutefois en route. Réunis autour de l’inter-coalition «Yewwi-Wallu», les principaux responsables de l’opposition, d’Ousmane Sonko à Abdoulaye Wade, en passant par Khalifa Sall, semblent vraisemblablement partis pour infliger un coup de grâce au camp du pouvoir, à l’issue des élections législatives tenues le dimanche 31 juillet. Les résultats provisoires de ces joutes électorales placent l’inter-coalition à la tête de moult départements à l’intérieur du territoire national mais aussi dans la diaspora. Plusieurs départements remportés par la coalition au pouvoir lors des dernières élections territoriales, ont été conquis par l’opposition. Il s’agit, entre autres, de Saint-Louis, Sédhiou, Thiès et Tivaouane. Outre ces départements, l’alliance de l’opposition a également conforté sa suprématie sur l’ensemble des cinq départements de la région de Dakar, en surclassant la coalition Benno Bokk Yakaar à Dakar, Pikine, Guédiawaye, Keur Massar et Rufisque. Il en est de même pour Mbacké, Ziguinchor, Oussouye et Bignona, Bambey, Saraya pour ne citer que ces localités. Outre ces localités, l’inter-coalition YewwiWallu a également remporté près de huit départements de la diaspora. Au-delà de cette chute vertigineuse, il y a le fait que des pontes du pouvoir ont été battus dans leurs propres bureaux de vote. C’est notamment le cas de la tête de liste nationale de Benno Bokk Yakaar, Aminata Touré, et d’Amadou Ba, coordonnateur départemental à Dakar. Même le maire de la Médina, Bamba Fall, qui a rejoint la mouvance présidentielle suite aux dernières élections locales, a perdu son propre bureau et/ou centre de vote.

A l’instar de Mansour Faye et Demba Diop Sy, respectivement édiles de Saint-Louis et Tivaouane. Les Législatives, dernier scrutin avant la présidentielle de 2024, faisaient, pour beaucoup d’acteurs, figure de test après les élections locales de janvier, remportées par l’opposition dans de grandes villes du pays. Une sorte de présidentielle avant l’heure. L’une dans l’autre, cette deuxième percée inédite de l’opposition au regard des résultats provisoires, à seulement dix-neuf (19) mois de la prochaine présidentielle, laisse entrevoir des heures sombres pour la coalition Benno Bokk Yakaar, à défaut d’annoncer son chant du cygne. Qui plus est, l’absence jusque-là notoire d’un dauphin consensuel pour assurer l’héritage politique du président Macky Sall constitue un facteur qui entraînerait davantage la coalition Benno Bokk Yakaar dans une mauvaise passe. A qui la faute toutefois si le maître du jeu a refusé systématiquement l’émergence de tout second dans son camp, proche ou élargi, au profit d’un hypothétique troisième mandat que les suffragants semblent abhorrer ?

Papa Moussa CAMARA 

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