Arrêter la spirale répressive

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Le président doit comprendre que le rapport de forces a changé et qu’il n’a plus les moyens de son intransigeance politique. Sa méga-coalition est en voie de dislocation, car ses alliés n’ont aucune envie de miser sur un cheval perdant

Après deux défaites électorales successives aux élections locales et législatives de cette année, traduisant sa perte de majorité électorale et sociologique, le pouvoir apériste joue avec le feu, en essayant de museler la presse et d’instrumentaliser nos forces de défense et de sécurité (F.D.S), contre toute velléité de changement de majorité en 2024.

Un changement de cap

Une des caractéristiques du régime de l’APR, est qu’il a pu enrôler, dès l’entame, des figures de proue du journalisme sénégalais connus, dans le passé, comme des défenseurs intransigeants des intérêts populaires et des libertés démocratiques.

On a ainsi pu assister à l’irruption  d’hommes d’affaires peu scrupuleux dans le monde de la Presse et la reconversion d’éminents journalistes d’investigation, de syndicalistes vertueux du monde de la Presse ou de talentueux éditorialistes en politiciens néo-libéraux, spéculateurs fonciers, prenant fait et cause pour l’option tyrannique du régime du président Macky Sall. C’est ainsi qu’ils iront même jusqu’à diaboliser l’opposition, même celle qui se voulait républicaine et à avaliser tous les coups fourrés de leur ami président.

Ils n’hésiteront pas, une seconde, à mettre leur expertise et leur entregent au service de leur patron politique, élaborant des éléments de langage équivoques, pour justifier toutes ses dérives liberticides, ses entorses aux règles de bonne gouvernance, ses fraudes électorales, ses tripatouillages constitutionnels…

C’est donc, dans ce contexte marqué par les accointances de larges secteurs de la presse, avec le pouvoir de Macky, que Pape Alé Niang est resté droit dans ses bottes, faisant figure, avec quelques rares autres collègues, d’héritiers des glorieuses traditions de lutte laissées en rade par une nouvelle classe de journalistes-affairistes.

Une icône de la liberté d’expression

Ayant fait ses premières armes à la radio SUDFM, avec ses mémorables et remarquables revues de presse, où il ne cessait d’interpeller Mame Abdoulaye Wade, il tend ces dernières années, à devenir, une icône de plus en plus solitaire de la liberté d’expression dans notre pays.

Et cela, il le doit principalement à son refus de verser dans un équilibrisme de mauvais aloi, prétendant rester à équidistance entre le bourreau et la victime, car il a toujours mis un point d’honneur à défendre les opposants victimes d’injustices ou d’acharnement – dont l’actuel président – de la part des différents régimes, depuis l’alternance de 2000.

Il n’a jamais été pris à défaut dans des postures de compromission ou de complaisance envers les différents pouvoirs, qui se sont succédé depuis une vingtaine d’années dans notre pays.  Membre actif de la CENOZO, cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest, il s’est beaucoup investi dans la lutte contre la corruption, les abus de biens publics et pour les libertés publiques.

De fait, il n’a jamais caché son penchant pour le progrès social et la défense des libertés et s’est évertué à donner régulièrement son point de vue sur la marche des affaires de l’État, dans des chroniques devenues légendaires.

Le pouvoir apériste joue ses dernières cartes

Le peuple sénégalais a clairement montré sa réprobation du projet autocratique en cours, depuis les évènements de février-mars 2021, qu’une certaine presse courtisane, relayant les préceptes de l’idéologie dominante, a tôt fait de mettre sur le compte des turpitudes d’un homme politique faussement présenté comme lubrique. Il s’agit bel et bien d’un véritable complot éventé, dés les premiers jours, par des citoyens vertueux et professionnels jusqu’au bout des ongles, l’un médecin, l’autre gendarme, loin des querelles et chapelles politiques, qui ont officié, en âme et conscience, refusant de cautionner une entreprise de liquidation d’un adversaire politique.

Des officiers républicains de la gendarmerie ont eu le courage de diligenter une enquête indépendante, qui a confirmé la conspiration. Comment comprendre alors le comportement du procureur, qui au lieu d’entendre les comploteurs clairement identifiés dans le rapport d’enquête, fait arrêter le vaillant journaliste d’investigation, qui a dévoilé l’odieuse machination ?

Contrairement aux attentes de décrispation et de remise sur le tapis des propositions de refondation institutionnelle de la C.N.R.I, dans cette dernière phase du second mandat du président de Benno, on remarque une tendance déplorable à privilégier la répression, que ce soit pour imposer un candidat inconnu du bataillon à la tête du perchoir du parlement ou lors de l’audition du président Ousmane Sonko.

De plus, les hommes politiques de la majorité s’évertuent à présenter d’honnêtes journalistes et hommes politiques comme de dangereux insurgés cherchant à déstabiliser les institutions, qu’ils croient pouvoir domestiquer, en s’acoquinant avec certains officiers et magistrats véreux, ignorant que l’immense majorité de nos FDS et de nos hommes de justice reste acquise à la cause du peuple.

Le président doit comprendre que le rapport de forces a changé et qu’il n’a plus les moyens de son intransigeance politique. Sa méga-coalition est en voie de dislocation, car ses alliés n’ont aucune envie de miser sur un cheval perdant, surtout si sa candidature n’est même pas recevable, au regard de la loi.

C’est bien pour cette raison qu’il doit comprendre, qu’il ferait mieux de s’inscrire dans une perspective civile et démocratique, en privilégiant la concertation sur la répression, pour sortir de l’impasse politique actuelle, au lieu de caresser le rêve chimérique d’un putsch militaire pour sauver son régime moribond.

PAR NIOXOR TINE

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