Le Sénégal se joue-t-il de la CEDEAO ?

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Des témoins présents sur les lieux attestent d’une ouverture des frontières terrestres et, par ricochet, du maintien des transports avec le Mali, pourtant sous sanctions de l’organisation ouest-africaine depuis janvier

Depuis le 9 janvier dernier, le Mali vit sous l’étau des sanctions économiques imposées par la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Une telle décision fait suite au refus des autorités de la transition malienne d’organiser des élections libres dans les prochains mois pour transmettre le pouvoir aux civils comme le lui instruit ladite cour. Ainsi parmi les nombreuses sanctions jugées « controversées », figure la fermeture des frontières entre tous les pays membres de la CEDEAO avec le Mali. Ce que ne semble pas respecter le Sénégal qui, d’après des témoins oculaires, continue les transits avec son voisin et partenaire économique.

Suite au coup d’Etat militaire renversant le régime du président Bah Ndao, luimême arrivé au pouvoir après l’éviction du pouvoir du défunt Président Ibrahim Boubacar Keita, les militaires sous la commande du colonel Assimi Goita ont décidé de se maintenir au pouvoir pour une durée de 5 ans. Ce qui leur a valu un paquet de sanctions de la part de la CEDEAO qui juge cette décision illégale et non conforme aux principes de l’organisation. Ces sanctions économiques (embargo) sont les suivantes : fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la communauté et le Mali, suspension de toute aide financière et des transactions commerciales (à l’exception des produits de première nécessité) et gel des avoirs du Mali dans les banques centrales et commerciales de la CEDEAO. Par ces mesures, somme toute sévères, l’objectif recherché est une asphyxie financière du pouvoir pour peser sur le fonctionnement de l’Etat.

Toutefois, le Sénégal, membre actif de la Cedeao, semble aller à l’encontre de ces mesures prises à Accra. En effet, des témoins présents sur les lieux attestent d’une ouverture des frontières terrestres et, par ricochet, du maintien des transports entre les deux pays. A. Sankaré, étudiant malien au Sénégal, nous révéle que « La circulation des camions transporteurs entre les deux pays avait cessé pendant un bon moment, sans doute pour signifier l’application immédiate des sanctions, avant de reprendre de plus belle. Je vois ici des camions avec des plaques d’immatriculation sénégalaise, qui rentrent dans le pays pour décharger leur contenu sans aucune contrainte. Et j’ose dire également que des camions maliens continuent de circuler au Sénégal parce qu’ils prennent des marchandises ici et les y acheminent », fait-il savoir.

Conscient de la gravité de ses allégations, il poursuit en disant : « j’étudie au Sénégal, et je n’ignore guère les relations économiques entre ces deux pays. Je peux même dire qu’ils ont des économies interconnectées puisque ce sont des milliards de recette chaque année qu’occasionnent ces camions; donc cela profite à chacun ». Et d’alléguer par suite : « Ces sanctions, dites-vous bien, ne sont que des simulacres car un pays comme le Sénégal ne mettrait pas son économie en branle au plaisir de la CEDEAO ».

L’autre témoignage poignant est celui de k. Diabaté, lui qui avec assurance, affirme avoir vu à moult reprises des entrées et des sorties de camions provenant des deux pays. Il en déduisait même « une levée probable des sanctions ». Selon lui, « certaines interventions de camionneurs à la télévision prêtent à confusion. Car ils se disent bloqués au niveau des frontières tandis que nombre d’entre eux ne sont pas interdits de circulation. Interpellé sur la question, le secrétaire général de l’Union des transporteurs du Sénégal, Gora Khouma, a tenu à apporter des éclairages afin d’écarter toute confusion. Joint au téléphone par Sud quotidien, il reste sur le fait que seuls les camions transportant des denrées de première nécessité (produits alimentaires, d’hygiène…) sont autorisés à fouler le sol des deux pays.

A l’en croire, « il faudrait éviter les amalgames car depuis l’entrée en vigueur des sanctions contre le Mali, aucun transporteur de produits outre que ceux cités plus haut, n’a franchi les barrières qui séparent les deux pays. Ils sont tous bloqués là-bas depuis plus de trois mois maintenant», a-t-il précisé. Avant d’ajouter : « Donc, il est bien possible de voir circuler au Mali des véhicules sénégalais, cela ne signifie pas pour autant un abandon des sanctions ».

Rappelons que le mois dernier, la Cour de justice l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) avait intimé l’ordre d’une levée des sanctions engagées contre le Mali. Nonobstant cela, aucun recul de la part de la CEDEAO n’est encore intervenu. Cette dernière réclame de la junte malienne un calendrier électoral dans les plus brefs délais.

KHADIDIATOU MENDY 

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